C'était la première fois de l'année scolaire qui débutait que j'allais au lac. J'étais d'abord passée par Pré-au-lard, j'avais discuté avec quelques amis et j'étais allée déposé mes bagages dans mon dortoir, comme chaque année. Et dire que c'était mon avant-dernière année ...

Je remarquais que quelqu'un était déjà au lac. Qui donc? En général les gens se retrouvaient dans la joie, les amis discutaient de leurs vacances, les Professeurs faisaient remarquer à leurs élèves qu'ils avaient grandi, etc. Les retrouvailles, c'était toujours un moment joyeux. Peut-être un peu moins cette année à cause des rumeurs bizarres qui circulaient depuis quelques mois ...Mais les retrouvailles, ce n'était définitivement pas mon truc. Saluer qui? Certes j'avais quelques amis, j'avais envie de revoir certains professeurs (d'autres pas du tout), Poudlard m'avait légèrement manqué, mais surtout, j'avais envie de revoir le lac, et la forêt. C'étaient les 2 endroits les plus magnifiques au monde. La forêt j'avais un peu peur d'y aller à cause de la montée des Mangemorts, des bruits qui circulaient sur ce qui s'y passaient (rassemblements illégaux etc.). Bref, le lac était plus tranquille, et toujours aussi calme et beau. Je regrettais presque que quelqu'un me vole ma solitude ...

Je reconnus cette personne à 3 kilomètres. Chevelure blonde, silhouette féminine et bien dessinée, des habits simples mais chic ... C'était ma cousine, Lucy, à n'en pas douter. Surtout que je l'avais emmené plusieurs fois au lac à son arrivée à Poudlard et qu'elel s'en était fait un lieu habituel pour se détendre, réfléchir au calme. Comme moi quoi. Enfin je n'étais pas jalouse, j'étais plutôt contente de la trouver là. Un sourire se dessina sur mes lèvres, tandis qu'elel ne me voyait pas, occupée qu'elel était à lancer une pierre dans l'eau. La clapotis de l'eau masqua le bruit de mes pas et, arrivée à une vingtaine de mètres d'elle, je fus prise d'un sentiment ... de je-ne-sais-quoi, bref je lui courais dessus.

Je criai son nom et me jetais sur elle. Cela la surprit mais je m'en moquais. J'étais heureuse de la revoir, incontrôlable. Je la pris dans mes bras sans réfléchir, et lui fis un énorme câlin. Je ne voulais pas la lâcher. Enfin, j'avais l'impression d'avoir quelqu'un que j'étais heureuse de retrouver. Comme quoi les retrouvailles c'était pas si mal. Ma cousine résista une seconde puis se laissa enlacer par moi. Je fermais les yeux un instant, me remémorant les bons moment que nous avions passés ensemble l'été dernier, et pendant l'année dernière. Et puis soudain, cet été. Celui qui venait juste de finir. Celui là où, alors que j'étais si joyeuse sur les plages du sud de l'Angleterre où je partais toujours avec mon père tout le mois de juillet, quelque chose m'avait manqué. Quelqu'un, en fait. Et ce quelqu'un c'était elle. Je me souvint brusquement que le dernier jour d'école, elle avait disparu au lieu de rentrer avec moi par le Poudlard express. Je me souvins qu'elle n'était pas revenue de l'été, que je m'étais fais un sang d'encre pendant tout le trajet pour finalement rentrée à la maison déprimée. Elle m'avait pourri ma dernière journée à Poudlard, mon premier jour de vacances. Elle m'avait abandonné pour s'enfuir je-ne-sais-où avec ses valises et tout, sans laisser de trace. Je me rappelais que j'avais très mal vécu cela, et que finalement je m'étais résignée à penser que de toute façon, personne sur cette Terre ne m'aimait, et que c'était "normal" que tout le monde m'abandonne toujours. Je m'étais tant de fois résignée que cela n'avait même pas été dur cette fois-ci. Je n'avais pleuré qu'une fois et n'y avais plus pensé de l'été, enfin j'avais essayé.
Mon père m'avait questionné à mon retour "Lucy n'est pas avec toi?", j'avais alors feins l'indifférence et répondu sans conviction qu'elle avait trouvé des gens pour l'héberger et qu'elle voulait se débrouiller sans nous. Mon père avait froncé les sourcils mais n'avaient rien dit, puis il était retourné bosser. Et voilà.

Et voilà que je tenais Lucy dans mes bras, ou plutôt je l'étouffais, comme si de rien était, comme si c'était juste une amie que j'étais contente de revoir après 2 mois. Après cette prise de conscience, je la lâchai comme piquée par une mouche, et mon sourire s'évanouit en moins de trois secondes. Je la regardai, ne sachant soudain que penser, que dire, que faire. Que pensait-elle? M'en voudrait-elle de lui montrer soudain mon affection après 2 mois sans se voir? Serait-elle contente, au contraire? Je n'en savais rien et cela m'angoissa terriblement. Je me tus, la mine soudain grave et solennel, et attendit. J'attendais sa réponse sans n'avoir aucune idée de ce qu'elle pourrait me dire. Mais secrètement je regrettais déjà de l'avoir étreinte, de ne pas lui avoir demandé des explications, de ne pas lui avoir hurlé dessus. Après ce qu'elle m'avait fait, elle le méritait !! Mais je n'avais tout simplement pas l'envie de me disputer avec elle ...

Je levais les yeux au ciel. Un tel cri de guerre ne pouvait appartenir qu'à elle !
Lorsqu'elle courrut vers moi, je pestais tout bas et tentais de me dégager, mais abandonais
bien vite. J'avais pas mal de force, malgré mon apparence dénuée de muscles,
mais là, on s'attaquait à Luna. Et à ses débordements de "calins"
impossibles à contrôler. J'avais appris à laisser passer sans broncher.

Je la laissais donc faire, priant à chaque seconde qu'elle ai bientôt fini.
Et lorsque je me pris à soupirer, je regretais aussitôt : elle serait plus fort.
Finalemment lorsqu'elle me lachâ, je lui jetais un regard noir. Elle savait que
je détestais ça. Je remis mes cheveux en ordre, coinçant une mèche
derrière mon oreille, et la foudroyais une dernière fois du regard.

Cependant, en détaillant son expression, j'y lu a la fois une mine heureuse,
mais aussi très en colère, et anxieuse. C'était vrai, je ne lui avais pas
donné signe de vie, n'hésitant pas à me volatiliser sans plus d'expliquations.
Elle avait du se faire un sang d'encre, mais, sur le coup, je ne m'en étais pas
plus préoccupée. A présent, je me sentais un peu désolée pour elle. Mais il n'était bien
entendu pas question que je lui prodigue des excuses. J'avais mes raisons,
j'avais ma vie, je n'étais pas liée à elle sans arrêt.

Je n'aimais pas beaucoup cette attitude qu'elle adoptait avec moi,
un peu "propriétaire", comme si elle voulait que je reste avec elle juqu'à
la fin des temps, sans avoir une vie ailleurs. Je savais qu'elle se sentait seule,
et comme cela m'attendrissait un peu, je ne faisais pas de réflexions.
Mais je crois qu'elle commençait à s'en rendre compte... Bonne nouvelle !


Un jour, quand nous nous étions violemment disputées comme cela n'arrivait que
peu, à cause de... je crois que nous avions abordé plusieurs sujets simulatément,
mon père, notre futur, Matt, les mangemorts... et bon, peu importe. En colère comme
jamais je ne l'avais vue, elle m'avait jeté en pleine figure des mots à jamais ancrés :
Tu te dis Griffondor, mais te comportes-tu comme telle, ne serais-tu pas mieux
chez les Serpents ?!
Plus tard, elle s'était abondamment excusée, et j'avais fait comme si j'avais oublié.
Mais la vérité c'était que je ne lui avais pas vraiment pardonné, et j'étais devenue encore
plus distante vis a vis d'elle.

Cependant, cette phrase m'avait fait réfléchir ;
longtemps, longtemps. Jusqu'à ces vacances noires, dont je me serais volontier passée.
Mais je l'avais eue, finalement, ma réponse. Et je l'avais hurlée à mon père,
dans toute ma rage. Quel que soit mon caractère, et ma froideur, je n'en demeurais pas moins
une Griffondor. Pour toujours, j'en serais une.

Je lui fis face, et attendis qu'elle parle. Je n'avais rien à lui dire.
Encore en colère de ces mots, malgré tout ce temps passé, bien que je
crois qu'elle ne s'en doutais pas.
Encore sous le choc de ces vacances.
De ce nouvel avenir, libérée d'un poid, avec de nouveaux chemins à emprunter,
rien qu'à moi.

Lucy me foudroya une bonne douzaine de fois du regard, naturellement. Elle détestait qu'on la surprenne, elle détestait qu'on lui montre un chouïa d'affection, elle détestait les débordements, elle détestaient aussi mes faits et gestes bizarres parfois ... En gros elle détestait tout de moi. Mais bon, ce n'était pas ça qui allait m'empêcher de l'aimer. Parce que si je partais du principe qu'il ne faut aimer que ceux qui nous le rende, alors je n'aimerais pas grand monde (à peut près personne en fait xD). J'évitai donc ses regards noirs. Elle était immobile, silencieuse, et rien ne laissait transparaitre chez elle une trace de bonheur dans le fait que nous nous retrouvions. Soit elle s'en fichait éperdument, soit cela lui déplaisait (je penchai pour cette hypothèse défaitiste en dépit de moi), soit elle était contente de me revoir au fond d'elle mais je savais que ma cousine n'était pas du genre à trop laisser ses émotions transparaitre. J'aurais voulu croire en la troisième solution mais impossible. Avec toute l'affection que je lui portais, je la savais incapable de m'aimer. Tant pis. On ne peut pas plaire à tout le monde, me dis-je. Cela ne me blessait même pas. Ce qui m'embêtait le plus était qu'elle ne pipais mot. Et autant dire que la faire parler si elle n'en avait pas envie, c'était cause perdue d'avance. Je soupirais intérieurement, et pris les initiatives.

Sur un autre ton ça aurait pu paraitre très agressif comme paroles, mais ma voix douce et aiguë habituelle prouvait le contraire. Seule la curiosité et l'inquiétude m'animaient. Mais ça Lucy devait bien s'en moquer. Je priais dans ma tête pour qu'elle réponde. J'avais envie d'entendre sa voix ... Et, tant qu'à rêver, j'espérais qu'elle me raconterait ses vacances, et qu'elle ne me balancerait pas une pique à la figure.

Elle parraissait...comme boulversée par ma réaction. Bon d'accord,
je n'étais pas très aimable et gentille avec elle. Mais malgré
tout, même si je n'en donnais pas vraiment l'impression, je
l'appréciais quand même. L'aimer, c'était une autre paire de
manches. J'aimais Matt. J'aimais Alex, aussi, qui était une
bonne amie, bien que je la voie peu dernièrement ; et je crois
que j'aimais beaucoup Luna aussi, mais d'une manière différente.
Comme...et bien, comme la couine qu'elle était. Je tenais à
elle, mais je crois que je n'aurais jamais vraiment rien
éprouvé pour elle si elle n'avait pas été de ma famille.

Soit c'était le Destin, et dans ce cas, eh bien nous étions
destinées à bien nous entendre. Ce qui se passait d'ailleurs,
car je l'aimais bien !
Soit c'était un incroyable coup de malchance...
( xD).

Mais peu importait. Elle était ma cousine, et je m'étais
habituée à elle. Au moins, je pouvais compter sur elle, et
elle sur moi. Disons dans une certaine mesure. Et je m'en
voulais, d'être si froide avec elle, de ne pas réussir à être
comme toutes ces cousines qu'on voyait toujours ensemble !
Mais je me sentais, pour l'instant, incapable d'être comme
ça avec elle. Peut-être, si nous parlions plus, si on arrivait à
faire tomber les barrières, alors peut-être nos liens se
resserreraient-ils.
Mais en avait elle envie ? Et moi, le voulais-je vraimment ?

Lucy ... Je ne sais pas si ça te fait plaisir de me revoir, surement que non, mais moi ça me fait plaisir. D'ailleurs je me suis demandé où tu étais passée pendant les vacances. Tu as l'intention de me le dire un jour ou pas?

Cette phrase eu le don de m'iriter encore plus, et de chasser de
mon esprit toute tentative de rapprochement avec elle.
Se prennait-elle pour ma mère ? Peut-être voulait-elle
une copie de mon emploi du temps, tant qu'on y était ?

Disons que oui, j'étis heureuse de la revoir, mais surtout parce que la
voir me rappelait que j'était de retour à Poudlard, cet environnement
ou je voulais être. En somme, sa présence me rassurait.
En fait, une des rares choses que j'adorais chez elle, c'était
le calme qu'elle envoyait par ondes autour d'elle.
Un calme bienfaisant...du moins, lorsqu'elle se taisait ! :p

J'étais chez moi, si tu veux savoir.

Bien sur, elle me regarda avec des yeux ronds. Parce que pour elle,
chez moi signifiait chez mon père, chez mon père, signifiait mangemort,
et tout ça engendrait une discution animée sur mon avenir, ou elle
croyait avoir le rôle de celle qui me remettait sur le droit chemin, blabla...
Comme si j'avais besoin d'elle pour prendre mes décisions !

Ah ouf, elle répondait. Bon ok ce n'était pas le discours escompté mais c'était déjà ça. L'habitude d'être déçue faisait que je ne lui en voulais pas du tout. J'étais même très fière d'avoir obtenu une réponse. (il m'en faut peu pour me réjouir xD). Évidemment, chez "elle" je pensais à son père, mon oncle, et à la tournure qu'il avait pris. Il ne s'était pas caché d'être devenu un Mangemort, raison pour laquelle il avait coupé les ponts avec mon père et que je ne l'avais jamais vu. Mais je n'en était pas peinée, je me passais très bien de voir un Mangemort, dans ma famille de surcroit. J'avais toujours eu foi en la famille, c'était un des grands principes que mon père considérait comme très important. Et j'avais une opinion bien tranchée sur la question des Mangemorts. Ils étaient mauvais, perdus. Jamais il n'y aurait de "bon" Mangemort. Les seuls Serpentards que je pouvais accepter sans haine étaient ceux qui n'était pas encore perdus. Ceux en qui la raison existaient toujours. Selon moi les autres n'étaient qu'aveuglés par les Ténèbres. Bref, je détestais penser ne serait-ce qu'une seconde à mon oncle, le père de Lucy. Faisait-elle exprès de m'y faire penser? Je ne sais pas. Néanmoins en repensant à tout ça, j'étais bine heureuse que ma cousine ne soit pas à Serpentard. J'avais déjà douté du fait qu'elle n'y soit vraiment pas. Au cours d'une dispute je lui avais exprimé ce doute, qu'elle avait très mal pris, et je m'en étais voulu aussitôt. Mais c'était le passé. Et le passé est fini (enfin ça dépend pour qui). Bref bref. Je n'aimais pas le sujet, mais on ne pouvait pas le fuir indéfiniment. Je demandais donc, légèrement angoissée, ce que Lucy avait décidé. Après tout c'était à elle de faire ses choix, seule. Essayer de la convaincre de quelque chose était parfaitement impossible, je le savais. Bien que nous soyons mentalement le jour et la nuit, elle avait hérité des Lovegood l'entêtement. J'étais bien placée pour le savoir, j'étais aussi têtue qu'elle quand je le voulais.

Je ne précisais pas "quant à ton avenir" parce que c'était implicite, et que je n'avais pas du tout envie de frôler le sujet du "Lucy = quel camp?". De 1) parce que ça faisait très titre à la Closer (berk) et de 2) parce que je n'étais pas sure d'apprécier la réponse. Je détournai la tête, mine de poser la question comme ça, sans réelle conviction. En fait sa réponse me préoccupait déjà, et j'étais sure qu'elle allait me préoccuper longtemps, mais ça je ne le laissais pas transparaitre dans mon attitude. J'avais un ego moins important que Lucy, mais j'avais tout de même ma petite fierté.

Bon. Déjà, grand pas en avant, elle ne me faisait pas un discours.
Ce qui aurait été mieux, ça aurait été qu’elle passe le sujet…
Mais là, on parlait de Luna. Et il ne fallait pas trop lui en demander
non plus, j’étais bien placée pour le savoir --". En attendant, il fallait
que je trouve mes mots, pour ne pas la laisser croire quelque chose
de faux. Quelque chose de faux. Et puis, tant qu’à faire, j’allais me
mettre moi aussi aux discours. Ça ne pouvait pas me faire de mal,
et ça mettrait les choses en place.

Tu sais, vous êtes beaucoup à croire qu’il y a besoin de se
choisir un camp. Pour se sentir à sa place. Pour toi – ne nie
pas ! – il y a le bien et le mal. Les gentils, les méchants. Mais
je vais te dire un secret, Luna.

J’eu un demi sourire, et repris en soufflant,
d’un murmure frissonnant :

Il y a aussi le camp de ceux qui s’en foutent.

Bien sur. Pour elle, tous ceux qui a Poudlard disaient s’en moquer
devaient, au fond, avoir une idée sur la question de leur futur camp.
C’était d’ailleurs souvent le cas. Peu aimaient se trouver dans
l’incertitude, et avaient besoin de se sentir destinés à quelque chose.
J’avais appris cependant, qu’il n’y avait pas besoin de
s’attacher à des principes. Du moins, pas à ceux des autres.
Seulement aux siens.

A partir de maintenant, je ne laisserais plus PERSONNE me
dire quoi faire. Ni mon père. Ni toi. Je n’ai pas besoin des
gens pour savoir ce que je veux. On est tous comme ça Luna !
Même si on cherche à se le nier, on veut tous ce qu’il y a de
mieux pour soi même !
Alors c’est ainsi. Je ne travaillerais pour personne.
Ni pour les Aurores et leurs belles idées, ni pour les mangemorts
et leur soif de pouvoir. Je travaillerais pour MOI. Je ferais ce
qu’il ME plaira !

J’avais presque hurlé ces derniers mots. Je la détestais encore
plus de me faire montrer mes émotions.

J’ai trop souffert, jusqu’ici, parce que je croyais que mon futur
était tracé. Mais je n’ai personne à écouter, personne. Pas même
de mon père ; parce que je ne l’écouterais plus. Pas même
lorsqu’il continuera à menacer de s’en prendre à toi.

Là aussi, elle resta muette. Evidemment, puisqu’elle ne le
savait pas jusque là. C’était en partie à cause de cette
menace que j’avais failli céder…

Je suis désolée. Mais c’est comme ça. Mais ne t’inquiète pas, va,
il laissera tomber. Le principal, c’est d’oser faire face à quelqu’un.
Lorsqu’on le met au défi, il perd de son audace. Même le plus
fous des mangemorts. Parce que c’est connu qu’on ne s’en
surtout qu’aux plus faibles. Ce que je ne suis pas ! JAMAIS !

Puisqu’on en était là, je décidais d’enfoncer le clou encore
un peu plus. Pour mettre les choses au clair. Jouer cartes s
ur table, ne pas la laisser croire quelque chose de faux.

Je n’ai jamais été la cousine dont tu rêvais, je le sais. Ce
qu’il te faut à toi, c’est une gentille fille qui rirait à tes plaisanteries,
qui s’amuserait avec tes jeux bizarres, tes créatures débiles, qui
t’écouterait, parlerait de tout et n’importe quoi, ferait tous ses
devoirs le soir. Mais ça, ce n’est pas moi. Ça ne sera jamais moi.

A voir son expression, j’aurais tout aussi bien pu lui enfoncer un
poignard dans le dos. Mais à cet instant je m’en moquais presque.
Presque. J’avais durci de l’intérieur.

Je n’étais pas comme ça avant, c’est ce que tu penses ? Eh oui,
j’étais tout aussi arrogante et fière, mais je riais et j’aimais vivre
au jour le jour. J’étais aimable. Eh bien tout ça, c’est FOUTU
pour moi. Pas après tout ce que j’ai traversé. Toutes
ces angoisses. Toutes ces crises de larmes. Après certaines
épreuves, les gens changent. Pour toujours. Alors, maintenant,
tu peux toujours t’en aller en courrant. Parce que ça ne sera
plus jamais l’ancienne Lucy qui te parlera.

J’avais vidé mon sac. Nous étions (enfin, JE m’étais débrouillée
comme une grande --") arrivées à un point de non retour.
Quelque chose avait du se briser.
Je n’attendais même plus de réponse. Juste qu’elle tourne les talons.

Lucy me fit la surprise de se lancer dans un discours. Sur les "camps" comme elle appelait ça. Pour moi ce n'était pas aussi net qu'elle le pensait, en fait. Il y avait les "méchants" certes, pour moi les cas irrattrapables qui je me demande bien pourquoi voulait la destruction du monde, le pouvoir etc. Je me demandais à quoi ça pouvait bien leur servir mais bref, c'était mauvais. Mauvais pour moi et pour tout le monde. Bref tout le reste, bah c'était tous ceux qui n'étaient pas assez stupide pour désirer l'Apocalypse. Ceux qui voulaient tout simplement continuer à vivre encore longtemps dans un monde pour l'instant prospère et pas si mal que ça. De là à dire que tous ceux là étaient "gentils", pas vraiment. Si c'était le cas je vivrais dans un monde idéal. Mais je n'avais pas le temps (elle ne me laisserait pas) et j'avais surtout pas envie de me lancer là-dedans. Elle me croyait pour plus bête que je ne l'étais, et cela m'agaçait tout en ne m'étonnant malheureusement pas d'elle. Elle en vient à me balancer mes 4 "vérités" (pas si vraies que ça d'ailleurs) et évidemment je pris ça comme un couteau ans le coeur. Déjà le penser n'était pas sympathique, me le dire alors que c'était moi la gentille cousine qui la saluait alors qu'elel ne l'aurait surement pas fait si c'était elle qui m'avait croisée, je trouvais ça un peu gros. Mais passons. J'en viens à me demander qu'était le "Pas même lorsqu’il continuera à menacer de s’en prendre à toi." Ah bon, son père me menaçait à travers elle? Eh bien j'en étais peinée et je l'aurais même questionné à ce sujet voire remercier si la situation n'était pas celle actuelle. Là je me tus et la laissa continuer. J'espérais que le flot s'arrêterait bientôt parce que son monologue me tapait sur les nerfs. C'était intéressant d'en apprendre plus sur elle ainsi, d'écouter son point de vue, mais ne pas pouvoir placer un mot dans un tel tissu de propos qui me paraissaient pour certains invraisemblables était assez gênant. Pour moi un dialogue c'était chacun qui parlait à son tour. Mais c'était sans compter l'éducation dictatoriale qu'avait reçu Lucy. Dans ma tête je souris légèrement en me disant que j'avais en face de moi un petit tyran, furieuse en plus. Pfff. Je n'avais tellement pas envie de répondre, elle me peinait tellement! Je me demandais pourquoi je me forçais à écouter tout ça et pourquoi je n'étais pas partie il y a déjà 5 bonnes minutes. Pour elle bien sur, mais elle ne s'en rendait pas compte. Je fis donc court, en prenant mon temps, même si ça pouvait l'énerver encore plus (à vrai dire au point où elle en étais je m'en fichais un peu). Je pris des pincettes pour placer mes mots sans qu'elle me hurle à nouveau dessus.

J'allais tourner les talons, vu que de toute façon je n'avais plus rien à lui dire. Elle pensaient des choses fausses, elle me détestait, elle avait envie de me baffer, que je détale. Eh bien qu'elle fasse tout ça je m'en moquait éperdument. J'avais déjà en tête que si elle était partie toutes les vacances sans me prévenir c'était que je ne comptais pas, et bien elle ne comptait pas plus pour moi. J'étais peut-être obstinée mais pas au point de m'acharner sur une mule comme elle. J'avais bien mieux à faire. Mais juste avant de lui fausser compagnie une bonne fois pour toute, je voulais rectifier un petit point.

Je me retournai cette fois-ci vraiment, et marchai d'un pas rapide vers la forêt environnant le lac. Je me demandais si c'était mieux d'avoir eu cette discution, peu agréable soit-elle, avec Lucy pour mettre tout au clair, ou si j'aurais mieux fait de ne pas faire le détour par elle et de déposer directement mes affaires dans mon dortoir. Je privilégiais la première option, car j'avais toujours aimé que les choses soient claires, nettes et précises. Sans me retourner, je lançai un salut qui était dans ma tête un peu un adieu. C'était dur à admettre mais elle était un peu comme morte pour moi à présent. Et comme toute perte elle me chagrinait un peu ...