Je suis né dans une famille modeste (et moldue) dans le Pays de Galle. Ma mère était couturière, mon père tapissier. Ils étaient connus de tout mon village comme des bosseurs acharnés et les meilleurs artisans du quartier. Les gens adoraient aussi saluer leur fils unique, le petit polisson qui essayait de vous impressionner avec des cabrioles ou des belles paroles quand vous passiez par là. Ce petit garçon enjoué, c'était moi. Dans mon village, la vie n'avait pas beaucoup évolué depuis le Moyen-Age, et il n'y avait quasiment pas de voitures, de machines ou d'usines. Néanmoins j'avais une vie épanouie et dans ma petite école de province, j'étais premier de la classe. L'enfant prodige mais casse-cou, chouchouté par ses parents, ses nombreux amis, tout le monde ... Le joyeux "rêve" qu'était ma vie se poursuivit lorsqu'à mes 11 ans, je reçus ma lettre pour Poudlard. Mes parents découvrirent en même temps que moi la magie et cela m'enchanta tout d'abord. Je me fis comme d'habitude pleins de nouveaux amis à Poudlard, même parmi les redoutables Serpentards à qui je tenais tête par principe. Mes résultats scolaires à Poudlard se dégradèrent mais bon, je mettais gentiment ça sur le compte de mon "retard" par rapport aux autres, qui avaient baigné dans un environnement Sorcier toute leur vie. Mais je ne les enviaient pas, c'était moi qui faisait des envieux avec mon look cool et mon charisme. Bref, les années défilèrent, et je ne rentrais chez moi qu'à regret pendant les vacances d'été. Adolescent en pleine rébellion, je ne voulais pas retrouver le cadre enfantin de ma vie campagnarde ringarde. Et pour une fois, il aurait mieux fallu que je reste à Poudlard ... Mes parents s'étaient achetés une voiture, enfin. J'avais fêté mon anniversaire (16 ans) il y a peu, mais comme nous ne gardions aucun contact par courrier (mes parents avaient peur des chouettes des sorciers), ils avaient décidé de le fêter avec quelques mois de retard. En mon honneur, nous allions donc à la plage de Brighton, en Angleterre, pour une semaine. D'habitude c'était mon père qui conduisait puisqu'il avait son permis, m'avait-on dit, mais ma mère était au commande de l'engin aujourd'hui pour accumuler ses heures obligatoires de conduite accompagnée. Quelle belle compagnie en effet! Son mari, son fils, ses valises, les oiseaux dehors, le soleil, la mer, le ravin ... Au 154e km de la nationale 36 en partant de mon village, se trouvait un village. Ma mère avait déjà raté des virages sur des circuits d'entrainement à côté de l'auto-école. Cette fois-ci il n'y avait aucune barrière pour retenir la voiture de tomber, et le vide nous cueillit d'un coup. La voiture, et nous dedans, tomba dans une chute sans fin, enfin si. la fin, c'était le bas de la falaise. Avec es rochers tranchant et durs sur la côte maritime. Je ne me souviens plus de rien alors, jusqu'à mon réveil à l'hôpital. J'étais resté plusieurs jours ans le coma m'avait-on appris. Bref, mon réveil fut ... brutal. Normalement, on est censé voir tout blanc, puis les couleurs apparaissent et les formes floues se clarifient peu à peu. Enfin c'est ce que j'imaginais en repensant aux séries TV que j'avais pu regarder avant. Sauf que moi, je ne vis pas de blanche clarté, pas de formes, pas d'infirmières penchées sur moi, l'air soucieux, bien que je les entendaient. Une voix fluette me parvenait, très nette, et une autre, plus rauque et usée par l'âge sans doute. Mais bien que j'aie les yeux grand ouverts, je ne voyais rien. Le Néant. Un noir absolu, plus noir que la nuit ou l'Espace. Plus noir que le noir normal qu'on a l'habitude de voir partout. Non, un noir qui vous pénètre jusqu'au fond de votre cœur et s'en empare comme une ombre qui vous enveloppe entièrement. Ce premier sentiment était terrifiant, et bien que je ne le ressente que rarement aujourd'hui, son souvenir suffit à me terrifier. Bref, ma deuxième émotion fut l'incompréhension, la panique. Pourquoi ne voyais-je donc rien? Avait-on coupé toutes les lumières, y avait-il une couverture sur mes yeux? Je n'en sentais aucune. Mes yeux continuèrent à se balader sans la pièce sans rien voir, sans percevoir aucun changement. J'eus alors une pensée terrible, qui ne m'avait alors jamais frôlé: Que s'était-il passé après l'accident, où étais-je, où étaient mes parents? ... La mémoire me revint d'un coup, la chute libre, les cris de ma mère, les valises qui me pleuvaient dessus, enfin le bruit morbide du fracassement de métal contre les rochers. Mon cœur s'emballa et je m'évanouis. Le lendemain, enfin je n'en sais rien, je rouvris les yeux et le même noir m'accueillit. La peur se saisit un peu moins de mon être que la veille mais je ne pus retenir un frisson. Après un petit moment à me souvenir, me demander où j'étais etc. j'entendis une infirmière venir à mon chevet. J'avais deviné que j'étais dans un hôpital, allongé sur un lit. Une nouvelle fois, je ne la vis pas mais l'entendait clairement. J'ouvrais ma bouche sèche pour formuler le flot de questions qui se pressaient dans ma tête, lorsqu'une vive douleur me fit renoncer à lever un tant soit peu la tête. Je ne bougeais donc plus, et ce pendant plus d'un mois. Les premiers jours je dus assimiler que j'avais une entaille superficielle au bras gauche, une lésion de la colonne vertébrale (d'où ma douleur au cou) et un coude cassé. J'étais donc immobilisé jusqu'à ce que tout ça se répare. On me terra dans le silence pendant quelques jours, et lorsque je m'interrogeais sur le sort de mes parents, je me persuadais qu'ils étaient morts. Mieux vaut imaginer le pire pour n'être que heureux dans le cas contraire, ou au moins pas déçu, selon moi. Néanmoins lorsqu'on m'apprit enfin la mort de mon père et ma mère, je sentis une partie de moi s'effondrer et disparaitre avec eux. Cependant, je ne pleurais pas. Je ne le pouvais pas. Mon corps encore tout juste sorti du coma était trop sec pour pouvoir verser la moindre larme. Mais mon cœur, lui, saigna pendant des semaines où je n'avait rien d'autre que mon passé à quoi m rattacher. Je récupérais vite de mes blessures physiques, mais il fallu se rendre à l'évidence: je ne voyais plus. Rien ne m'était rentré dans l'œil lors de l'accident, mais probablement un choc cérébral avait entrainé la perte de ma vue. Totale et définitive. J'avais demandé, désespéré, s'il était possible par une opération, que je revois mais on me répondit que non. Me vie perdit alors tout son sens pour moi et je loupais la moitié de l'année scolaire à Poudlard. J'avoue que je ne m'en aperçus que très tard, j'avais largement pire comme déception. je ne deviendrais jamais le grand sorcier que j'avais rêvé devenir, je ne verrais même plus le soleil ou le visage de mon entourage, à défaut de ceux de mes parents ... a vie prit une teinte ... noire ^^ et je n'y goutais plus de plaisir à la vivre. Mon bras n'était plus plâtré, je n'avais plus de minerve au cou, et j'avais retrouvé entièrement ma mobilité lorsque je pris le Poudlard Expresse pour la 7e fois dans ce sens. Plus que tout j'appréhendais la vie, que j'avais avant tant pris à la légère auparavant, et je redoutais aussi ma brusque entrée dans ce collège si familier...